Tous les matins au petit jour,
J’exhume mes rêveries,
Et me perd ainsi dans l’oubli
Tous les matins, dans la basse-cour.
Comme tous les matins m’en allant sur le quai,
Dans un jeu de sape, je m’en vais m’enquiller,
Les yeux sur le bitume à ruminer l’ennui,
Bouffé par l’amertume et la mélancolie.
Viens mon paquebot dans un fracas d’enfer
Enserrer nos âmes dans ses mâchoires de fer
Le temps d’une journée et puis le soir venu
Les recracher vides ou pleines d’espoirs déçus.
Tous les matins au petit jour,
J’exhume mes rêveries,
Et me perd ainsi dans l’oubli
Tous les matins, dans la basse-cour.
Soudain dans la grisaille des visages harassés,
S’esquissent les contours d’une jolie poupée
Et mon âme s’arrime à ses yeux délicats
Cernés de regards et de Mascara.
Quand nos regards las, d’un élan solidaire
S’enlacent l’espace d’un silence lapidaire
J’ai les sangs qui chavirent et le cœur en dérive
Bringuebalé d’amours mortes que ses yeux d’encre ravivent.
Me voilà pris, je suis piégé
Dans l’ivresse d’un brouillon
De félicité.
Déjà je me sens m’égarer
Dans la chaleur de son étreinte
Je suis possédé.
Et ce matin au petit jour,
J’enterre mes rêveries,
Et m’abandonne ainsi à l’oubli
Comme ce matin, comme par amour.
Mais sans crier gare et d’une humeur irritée
Voilà qu’elle se détourne et feint de m’ignorer
Ne me laissant plus, comme espoir en souffrance,
Qu’à nouveau mépris et indifférence.
Comme tous les matins m’en allant sur le quai,
Le cœur dans les vapes, je m’en vais m’oublier,
Les yeux sur le bitume à ennuyer l’ennui,
Bouffé par l’amertume et la mélancolie.
Tous les matins au petit jour,
J’exhume mes rêveries,
Et me perd ainsi dans l’oubli
Tous les matins, dans la basse-cour.